Professeure de littérature française à Stanford University, Cécile Alduy co-signe «Marine Le Pen prise aux mots» (Seuil), un ouvrage qui analyse en profondeur le discours de la présidente du Front national et le compare à celui de son père et prédécesseur, Jean-Marie Le Pen.
Paris Match. Une des thèses de votre livre est que Marine Le Pen, loin de s’être détournée du discours de son père, l’a seulement adapté. Le FN n’aurait donc pas changé?
Cécile Alduy. Les militants savent pourquoi ils sont au FN. Ce n’est pas parce que ce dernier est devenu étatiste ou favorable à la «justice sociale». Il y a un décalage flagrant entre l’image publique -républicaine, modérée- que Marine Le Pen veut projeter dans les médias et ce qu’elle représente pour les militants, qui restent attachés à la marque «Le Pen» historique. Elle continue d’ailleurs d’être applaudie par des «On est chez nous!» dans ses meetings. Le grand enjeu pour la présidente du FN, c’est de parvenir à maintenir cette double identité. L’identité publique, modérée et moderne d’une part. L’identité radicale, pour satisfaire sa base, d’autre part.